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Les sapeurs


Séverin Mouyengo in front of his house, 2006

Les sapeurs congolais, également désignés sous les noms de "Sapeurs" ou "Sapeuses", émergent comme des personnalités emblématiques de la mode, originaires de la République démocratique du Congo et du Congo-Brazzaville. L'acronyme qui les unit, "SAPE", fait référence à la "Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes", mettant en lumière leur dévouement envers l'élégance et le raffinement.


L'origine de la SAPE demeure partiellement obscure, bien que les sapeurs revendiquent plus ou moins une filiation avec les dandys européens du XIXe siècle. Dans les années 20, l'idée prévalente au sein de ce mouvement était d'approprier le costume du colon, d'intégrer et de détourner ses codes dans un esprit d'insoumission, toujours avec élégance et parfois avec ironie.


Le mouvement a connu une renaissance dans les années 1960 à Brazzaville et à Kinshasa, où les sapeurs ont transformé la mode en une forme d'expression artistique et culturelle, avant de se répandre dans les diasporas congolaises en France et en Belgique.


L'inventeur du mot « SAPE », serait Christian Loubaki, homme à tout faire dans le seizième arrondissement parisien, qui aurait observé ses employeurs s'habiller et utilisant les vieux vêtements qu'ils lui offraient. En 1978, avec la complicité de Koffino Massamba, il a créé la première boutique de sape, La Saperie à Bacongo, à Brazzaville, devenant ainsi un lieu emblématique dans le quartier par excellence de la sape au Congo.


Le style distinctif des sapeurs est une fusion audacieuse de couleurs vives, de motifs excentriques et d'accessoires élégants. Chaque tenue est méticuleusement conçue pour refléter la personnalité du sapeur et sa compréhension unique de la mode. Les marques de créateurs renommées sont arborées avec fierté, démontrant un engagement envers l'excellence et l'originalité.


Les sapeurs forment une contre-culture, possédant leur propre langage, lieux et activités. On les retrouve dans des clubs, des bars et lors de grands événements, organisant des duels et des joutes oratoires pour élire le sapeur « le mieux sapé ». Chaque sapeur a sa propre vision de la sape, contribuant à la richesse et à la complexité du mouvement.


L'histoire des sapeurs est ancrée dans la résilience et l'affirmation de soi face à des défis historiques et sociaux. Pendant la période coloniale, les Congolais ont adopté la mode occidentale comme moyen de réaffirmer leur identité dans un contexte de changement culturel. Ainsi, la SAPE est devenue une forme de protestation non violente, permettant aux individus de réaffirmer leur dignité et leur autonomie.


Pour des individus comme Stervos, passionné de vêtements de marque, la sape devient une forme de résistance. Après l'indépendance du Congo belge, le général Mobutu a imposé le retour à « l'authenticité » au Zaïre, interdisant le costume occidental. En opposition à cette doctrine de 1971, la sape devient une manière flamboyante de lutter contre le régime, affirmant un code vestimentaire extravagant.


Certains sapeurs et sapeuses notables ont joué un rôle significatif dans la diffusion du mouvement SAPE à l'échelle internationale. Parmi eux, Papa Wemba, considéré comme l'un des pionniers, et Koffi Olomide, musicien et danseur congolais, ont utilisé leur influence pour propager les valeurs du mouvement dans le monde. Mama Mobutu, figure notable par sa passion pour la mode, a également contribué à populariser la sape parmi les femmes.


Les sapeurs congolais transcendent leur statut d'amateurs excentriques de mode. Ils incarnent les gardiens d'une histoire complexe, les défenseurs de la dignité et de la fierté culturelle, et les artistes qui transforment la mode en une déclaration audacieuse d'identité personnelle et collective. Leurs noms deviennent ainsi des symboles de créativité, de résilience et d'estime de soi au sein de cette communauté artistique et sociale.

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